• S7 : Travailler sur le cinéma algérien contemporain : enjeux, difficultés et méthodes 06.12.2022

    Salima Tenfiche
    (Université de Lorraine - CERILAC Paris Cité - 2L2S-Metz)
     
    Travailler sur le cinéma algérien contemporain : enjeux, difficultés et méthodes
     
     
    A l'occasion de ce séminaire, Salima Tenfiche reviendra sur son travail de thèse de doctorat en histoire et sémiologie du texte et de l'image, soutenu récemment à l'université de Paris Cité :
    Glorifier les morts ou consacrer les vivants. Une histoire esthétique et politique du cinéma algérien sous l’ère Bouteflika (2003-2019)
     
    Après avoir obtenu ses lettres de noblesse en 1975 lorsque Chronique des années de braise (Mohamed Lakhdar-Hamina) remportait la première Palme d'or du festival de Cannes jamais décernée à un film africain ou arabe jusqu'alors, la jeune cinématographie nationale algérienne sombre lentement dans l'oubli avec la guerre civile qui plonge le pays dans le chaos durant les années 1990. À partir de 2003, le retour à la paix et la bonne santé économique du pays permettent une timide relance de l'activité cinématographique. Deux cinémas algériens antagonistes voient alors le jour. D'un côté, un cinéma de propagande financé par l'État que nous avons nommé « cinéma chahid » (cinéma martyr) parce qu'il se compose de films de guerre à la gloire des héros nationaux de la résistance contre le colonialisme morts pour la patrie. De l'autre, des co-productions avec l'étranger ancrées dans le présent et dans le quotidien morne et étouffant des Algériens et des Algériennes du commun, qui circulent dans les festivals internationaux les plus prestigieux du monde mais qui ne sont ni soutenues ni diffusées dans leur propre pays, et que nous proposons d'appeler « cinéma aïchin » (cinéma des vivants).
    Notre thèse se veut une contribution à l'écriture de l'histoire du cinéma algérien, et en particulier du cinéma contemporain, un terrain de recherche qui reste encore à défricher. En croisant différentes approches du cinéma (institutionnelle, sociologique, narrative et esthétique), nous proposons de mettre en regard ces deux cinémas algériens contemporains. Selon une approche synchronique d'abord, nous retraçons la généalogie de ces deux courants antagonistes. En revenant sur les grandes étapes du développement du cinéma en Algérie de la
    période coloniale à nos jours, tant sur le plan industriel que sur celui des formes, nous souhaitons mettre en exergue d'une part la filiation du cinéma chahid avec le cinéma moudjahid (cinéma combattant) de la période socialiste (1962-1984), et d'autre part la filiation du cinéma aïchin avec le cinéma de résistance clandestin des maquis de la Guerre
    d'Indépendance (1954-1962) pour ses conditions internationales de production et de diffusion, mais aussi avec celui de l'avant-garde des années 1970 (Zinet, Allouache, Djebar et Beloufa) pour ses innovations formelles et narratives. Selon une approche synchronique ensuite, et à partir d'enquêtes de terrain réalisées entre 2016 et 2019, nous dressons un état des lieux actuel des conditions de production et de distribution (financements, censure, rareté des salles ouvertes au public, rôle des festivals, piratage), afin de mettre en évidence la dichotomie du cinéma algérien sous le régime d'Abdelaziz Bouteflika depuis la relance de l'activité jusqu'au déclenchement du Hirak (2003-2019). Parallèlement à cet état des lieux, l'analyse esthétique et politique du cinéma chahid nous permet de montrer que ces films de propagande relèvent autant d'une stratégie de légitimation du pouvoir après la guerre civile (1992-2002) que d'une adaptation du discours officiel aux mutations de la société algérienne. Les films du cinéma aïchin quant à eux se distinguent par un renouvellement des récits et des formes du cinéma algérien. Cette nouvelle génération de cinéastes propose des images plurielles d'une société algérienne déchirée et désabusée par l'échec des espérances de l'Indépendance autant que par les violences fratricides de la guerre civile, contribuant ainsi à un processus de démystification vis-à-vis de l'image officielle d'une Algérie glorieuse et unie.
     
    Docteure en histoire du cinéma, Salima Tenfiche est Attachée temporaire d'enseignement et de recherche au sein du département Arts de l'Université de Lorraine à Metz, membre du CERILAC (Paris-Cité). Elle est l'auteure de plusieurs articles et chapitres d'ouvrages. Elle a publié récemment avec Sarah Diffalah (journaliste à L'Obs), Beurettes, un fantasme français, Editions du Seuil, 2021.  
    La séance aura lieu mardi 6 décembre 2022 à 17h00, à Metz,

    ile du Saulcy, Bâtiment A UFR Arts Lettres et Langues, Amphithéâtre 2

     

    Lien Teams pour les personnes ne pouvant se déplacer :

     

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    Toutes les séances passées et futures du séminaire, les éléments d'information sur les études de doctorat et les recherches en Arts à Metz, les informations sur les colloques, journées d'études, séminaires qui impliquent le 2L2S ou les indications de sources, d'études, de recherches d'emplois et de stages culturels sont mentionnées sur le blog du séminaire :http://b-artsdelamoselle.eklablog.com/
    Informations COVID 19 : L'épidémie continue à faire des victimes en France. Soyez vigilants.
    "Au moment de la rentrée, le port du masque n’est pas requis en milieu universitaire, ni pour les personnels, ni pour les étudiants. Ceci ne fait bien entendu pas obstacle à ce que les étudiants ou les personnels qui le souhaitent, le portent. Conformément aux recommandations des autorités sanitaires, le port du masque en intérieur est fortement recommandé pour les personnes contacts à risque durant les 7 jours après la survenue du cas confirmé ainsi que pour les cas confirmés durant les 7 jours suivant leur période d’isolement" Direction générale des services Université de Lorraine message du 13 septembre 2022
    "Le port du masque n’est plus obligatoire en milieu universitaire, ni pour les personnels, ni pour les étudiants. Ceci ne fait bien entendu pas obstacle à ce que les étudiants ou les personnels, qui le souhaitent, le portent. Il demeure fortement recommandé :- dans les lieux clos ou de grande promiscuité (les transports par exemple),- dans les lieux clos mal aérés et/ou mal ventilés - en présence de personnes âgées, immunodéprimées, malades chroniques et fragiles" Présidence de l'Université de Lorraine, message du 5 décembre 2022

     


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