• Expertises & Transitions : Transition - Révolution 16.03.2023

    La prochaine séance du séminaire "expertises et transitions" aura lieu ce jeudi 16 mars de 17h30 à 19h00 avec une intervention de Fabrice Montebello (PU en Arts, 2L2S-Metz) intitulée « Transition – révolution ».

    La séance aura lieu en salle G. Tillion. Elle pourra être suivie sur Teams à partir du lien suivant :

    https://teams.microsoft.com/l/meetup-join/19%3ameeting_NmY0MDZlYTgtNTBmOS00NmRlLTlkODQtZTZhZjBmOWI1ODdm%40thread.v2/0?context=%7b%22Tid%22%3a%22158716cf-46b9-48ca-8c49-c7bb67e575f3%22%2c%22Oid%22%3a%221a7fa0ef-35c6-4939-8096-05cb6e074c91%22%7d

    Présentation de l'intervention de Fabrice Montebello

    « Révolution » et « transition » sont des mots avant de désigner des réalités. Le second étant beaucoup plus usité que le premier si l’on en croit les occurrences des moteurs de recherche sur internet (1,7 milliards pour « transition », 110 millions pour « révolution » - mais la graphie anglaise de « revolution » donne 1,6 milliards d’occurrences). Dans les sciences sociales, « la révolution » est aussi un concept qui désigne l’« ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante (nationale, en général) lorsqu’une partie du groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir et que des changements profonds (politiques, économiques et sociaux) se produisent dans la société » (Petit Robert, 1993). « Transition » au sens moderne du terme (« passage lent, graduel, d’une transformation progressive ») demeure une définition générale et est alors timidement associée au vocabulaire politique institutionnel dans l’expression « de transition » (« un gouvernement de transition ») (Petit Robert, 1993). En 2017, l’entrée « révolution » est reproduite telle quelle, l’entrée « transition », au sens moderne, ajoute deux précisions : « Transition énergétique : passage progressif à une économie moins dépendante du pétrole et du nucléaire et à une meilleure efficacité énergétique. —  Transition écologique : passage progressif à des usages plus respectueux de l'environnement (transition énergétique, développement durable, maintien de la biodiversité, etc.) ». Celles-ci témoignent des préoccupations du moment et, indirectement, de l’usage académique du mot qui associe progressivement « transition » et « changement social ».

     

    Reprenant le constat d’Hanna Arendt selon lequel « Les révolutions sont les seuls événements politiques à nous faire affronter directement et inévitablement le problème du commencement » (On Revolution, 1965), Arno Mayer part du « postulat qu’il n’est pas de révolution sans violence ni terreur, sans guerre civile ni guerre extérieure, sans iconoclasme ni conflit religieux, et sans heurts entre ville et campagne » (Les Furies : Violence, vengeance, terreur, 1789-1917, 2002), précisant plus loin « on peut considérer qu’une crise révolutionnaire est une époque historique dotée d’un début précis mais d’une fin mal définie et douteuse. Différente en cela d’une période historique dont le commencement est aussi vague que le terme ». S’il n’est pas de révolution sans contre-révolution, ni de révolution sans guerre civile (alors que l’on peut imaginer des guerres civiles sans révolution) les révolutions sont le fait de grands pays à « l’importance transnationale » (comme la France de 1789 ou la Russie de 1917). « En s'enracinant dans un grand pays, une révolution déstabilise le système international » (Mayer, 2002).

    Concept et élément de connaissances pour les chercheurs, "la révolution" est aussi une idée portée par des acteurs politiques. « De fait, la révolution présente deux visages contrastants : l'un glorieux et séduisant, l'autre violent et terrifiant. Aujourd'hui, la dystopie a entièrement éclipsé l'utopie » (Mayer 2002).

    A contrario, la transition ne serait-elle qu’une « révolution passive » (Gramsci), la reconduction du passé dans le présent – que résume la célèbre formule du Guépard de Lampedusa « si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que Tout change » ? ou bien son inversion, dans la continuité d’une « réforme intellectuelle et morale » (Gramsci) qu’anticipait Machiavel « celui qui, dans une cité libre, veut réformer un gouvernement ancien, qu’il conserve au moins l’ombre des usages anciens » (Machiavel , Discours)*.

    * L'anticipation et inversion de la formule très connue du Guépard de Lampedusa par Machiavel est rappelée par Carlo Ginzburg, Néanmoins : Machiavel, Pascal, Verdier Histoire, 2022, p. 258-259.


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