• HOMMAGE À GILLES GOURBIN

    Notre collègue et ami Gilles Gourbin est mort soudainement le vendredi 11 septembre 2021 à l'âge de 59 ans. Ses obsèques ont été célébrées samedi 18 septembre à Luxembourg :

    HOMMAGE À GILLES GOURBIN

    Professeur de philosophie à Falaise, à Cherbourg, en région parisienne, au lycée français de Vienne, à l'école européenne de Luxembourg, Gilles Gourbin rejoint l'université de Lorraine à Metz en 2009, comme professeur certifié puis maitre de conférences en philosophie où il crée et dirige la Licence Humanités en 2013. Il participe à l'animation de la revue Le Portique, créée en 1997 par nos collègues Jean-Paul Resweber et Benoït Goetz, dont il devient le directeur en 2018. Sa thèse de doctorat soutenue à l'Université de Paris 1 portait sur La politique expérimentale de Diderot. Membre du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales depuis son arrivée à Metz, Gilles Gourbin a contribué à valoriser les travaux du laboratoire via l'édition et la mise en forme de numéros spéciaux du Portique.

    Très impliqué dans l'organisation pédagogique de la licence Humanités et dans les activités de recherche, il était particulièrement apprécié par ses étudiants et ses collègues.

    Il était humble et discret, dévoué et travailleur. Dans le fonctionnement actuel de l'Université, où le manque de moyens et la pression administrative constante, découragent les moindres volontés et poussent au calcul égoïste ou à la stratégie individualiste, Gilles continuait inlassablement à s'investir au service des autres, dans l'encadrement et le suivi des étudiants, dans l'attention portée aux collègues et à la vie collective universitaire.

    En dépit de ses responsabilités pédagogiques et de recherche et bien que sollicité par une vie de famille riche en compagnie de son épouse Caroll et de leurs 4 enfants, il avait accepté de s'impliquer, récemment, à notre demande, dans le Conseil d'Équipe du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales, site de Metz.

    Gilles avait également beaucoup d'humour qu'il distillait dans ses emails et dans ses réponses ironiques aux injonctions bureaucratiques croissantes. Gilles et moi partagions avec un autre membre du même laboratoire une particularité. Nous habitions tous les trois à Luxembourg tout en exerçant notre activité professionnelle en France. Nous étions en quelque sorte des "frontaliers inversés", un phénomène statistique particulièrement rare dans la Grande Région. Cela nous valait une certaine complicité et surtout une franche rigolade lorsque nous nous retrouvions à la même station d’essence le soir à Metz pour faire le plein, à un tarif excessif, plutôt qu'au Luxembourg en début de journée. Gilles avait suffisamment d’humour et de recul pour se moquer de lui-même. Mais il ne s’agissait pas là de désorganisation. Dès lors qu'on se lève tôt le matin et qu'on rentre tard le soir, on regarde moins à la dépense que l'on travaille surtout sans compter. Et c'était bien le cas de Gilles.

    Son sens du devoir s'accompagnait du droit à la critique. Il appréciait particulièrement les personnalités et les pensées qui permettaient, comme il me l’avait écrit un jour dans un courrier électronique, de "tordre de temps à autres le bâton de la bêtise, du préjugé et de la myopie dans l'autre sens".

    En mars 2016, à la demande de Benoît Goetz, il prononce une conférence sur le thème : "la laïcité est-elle intolérante ?". La formulation, volontairement provocatrice est, en fait, une invitation à redécouvrir le sens premier du mot "laïcité" et son potentiel émancipateur, contre les interprétations contemporaines abusives. Il écrit notamment en conclusion de l'article : "La laïcité constitue ainsi un espace public particulier où la coexistence des libertés, individuelles et communautaires, est rendue possible en faisant l’économie de la tolérance". Et il voit dans cet "espace public" ainsi dessiné, malgré sa fragilité, "l’une des conditions nécessaires de la paix civile". On voit ainsi, comment dans le brouhaha et la fureur des mots contemporains, Gilles cultive le sens de la mesure et de sa propre humanité ; et en redonnant aux mots leur véritable pouvoir il rend justice au pédagogue et au chercheur.

    Gilles nous manquera. Son sourire et sa bienveillance également. Il manquera à ses collègues, à ses amis et à ses étudiants qui l’appréciaient tant.

    A l'ensemble de sa famille, à ses parents, ses soeurs, ses neveux et nièces, à son épouse Caroll et à ses quatre enfants, Achille, Eliot, Corto et Virgile, nous présentons nos sincères condoléances.

     

    Pour le Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S) et le Pôle scientifique CLCS (Connaissance, Langage, Communication, Sociétés) de l’Université de Lorraine, Fabrice Montebello, Lionel Jacquot et Annette Jarlegan

     

    Photo : Gilles Gourbin en visio-conférence lors du Conseil d'équipe du 2L2S-Metz du 21 avril 2021 (capture d'écran)


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