• Ciné08-19 Paris : L'histoire du cinéma par les programmes 1894-1930 - 28 février 2020

    Conservatoire des techniques

    Cinémathèque française, 51 rue de Bercy Paris 12e

     

     

    JOURNÉE D’ÉTUDES

     

    Vendredi 28 février, 10h – 18h

     

     

    L’HISTOIRE DU CINÉMA (1894-1930) VUE PAR LES PROGRAMMES DES SALLES DE PROJECTION

     

     

     

    Journée d’étude avec projections de films organisée par l’ANR Ciné08-19 et le Conservatoire des techniques de la Cinémathèque française

     

     

    avec Carole Aurouet, Emmanuelle Champomier, Annie Fee, Laurent Guido, Laurent Mannoni, Jean-Jacques Meusy, Laurent Véray, Dimitri Vezyroglou… Projections de documents et de films.

     

    Et pour la première fois, L'Etoile de mer de Man Ray (1928), avec l'accompagnement musical et chanté voulu par Robert Desnos.

    Les nombreux documents promotionnels (programmes, affiches, livrets, photographies, objets…), édités dès l’émergence du Kinétoscope en 1894 et du Cinématographe l’année suivante, constituent une source précieuse sur l’évolution du spectacle et de l’industrie du 7e art.

     

    Cette journée portera spécifiquement sur les programmes sous toutes leurs formes. Leur analyse détaillée permet de comprendre le déroulé des séances, les techniques mises en œuvre, les « attractions » prévues, les accompagnements musicaux, les horaires, les prix d’entrée, les publics concernés, les personnalités émergentes du monde de l’exploitation, l’architecture des salles, et même les installations intérieures (sièges, orgues, pianos, bars…). Le contenu rédactionnel et iconographique qui s’y déploie magnifie le lieu ou l’événement, mais aussi le nouvel art cinématographique : dessins et effets graphiques, arguments développés avec des typographies soignées, tirages photographiques…

     

    Des feuilles imprimées les plus modestes jusqu’aux merveilleux livrets en couleurs du Gaumont-Palace, de l’affichette foraine à la brochure de style Art déco, en passant par les annonces de la presse, les programmes dialoguent avec le design et la culture du temps et reflètent l’extraordinaire variété d’un cinéma alors considéré comme un spectacle vivant.  

    Programme de la journée d’étude : 

     

    Président de session de la matinée : Laurent Véray.

     

    10h – 10h30. Rencontre avec Jean-Jacques Meusy animée par Laurent Véray.

     

    10h30 – 11h10. Laurent Mannoni : Petit voyage illustré dans les premiers programmes de cinéma.

     

    11h10 – 11h30. Projection des Hommes sandwich (1910 ; Gaumont ; 5’30), de Erreur tragique (1912 ; Gaumont ; extrait 6’06) de Louis Feuillade, d’Un idiot qui se croit Max Linder (1914 ; Pathé ; 11’40) de Roméo Bosetti.

     

    11h30 – 12h15. Emmanuelle Champomier : Les programmes des salles de cinéma dans la presse.

     

    12h15 – 12h30. Discussion.

     

    13h – 14h. Déjeuner.

     

    Président de session de l’après-midi : Laurent Mannoni.

     

    14h – 14h40. Laurent Guido : Le programme du premier cinéma : un modèle spectaculaire.

     

    14h40 – 15h20. Annie Fee : Une invitation strictement privée à la naissance d’un art : une étude de l’évolution artistique du cinéma à travers les programmes des salles.

     

    15h20 – 16h. Dimitri Vezyroglou : Une œuvre, cinq films : les séances du Napoléon d’Abel Gance à Paris, d’avril 1927 à mars 1928.

     

     16h – 16h40. Carole Aurouet : La « revue-programme » du Studio 28 : une archive de salle et un manifeste surréaliste pyrogène.

     

     16h40 – 17h20. Maurice Gianati : Les programmes du « Club de l’écran », un cercle d’amateurs de cinéma en Belgique durant les années 1930.

     

    17h20 – 17h35. Discussion.

     

     17h35 – 18h. Projection de L’Étoile de mer (1928 ; 15’), poème de Robert Desnos tel que l’a vu Man Ray, pour la première fois accompagné des chants et des musiques souhaités par le poète surréaliste, interprétés par Sonia Masson (voix) et Pierre Cholley (piano).  

    Résumés des communications :

     

    Laurent Mannoni : Petit voyage illustré dans les premiers programmes de cinéma.

     

    Que nous disent aujourd’hui, conservés dans les archives ou dans des collections privées, ces milliers de programmes luxueux, merveilleusement illustrés, vantant les mérites d’un Art muet disparu, ou ces feuilles mal imprimées sur du papier de piètre qualité, voulant attirer le chaland avec des films et attractions évidemment « de première qualité » ? À travers un essai de typologie de ce type de publications, de 1894 à 1930, on expliquera ce que peut nous apporter – outre le plaisir de l’œil – cette documentation aujourd’hui si recherchée.

    Emmanuelle Champomier : Les programmes des salles de cinéma dans la presse.

     

    Cette intervention propose une étude des programmes des salles de cinéma parus dans la presse généraliste et spécialisée des débuts jusqu’à 1930. Nous nous intéresserons à leur nature, à leur évolution, mais aussi à leurs hôtes et à leurs destinataires, ainsi qu’aux enjeux qu’ils recouvrent. Nous nous interrogerons ainsi sur ce qu’ils peuvent nous apprendre sur les salles de cinéma, les journaux et revues, et les lecteurs/spectateurs. Nous verrons par ailleurs en quoi ils ne constituent pas de simples contenus à vocation promotionnelle mais jouent également un rôle important pour certains dans le processus d’éducation du public et de légitimation du cinéma en tant qu’art.

    Laurent Guido : Le programme du premier cinéma : un modèle spectaculaire.

     

    Dans les premières années du XXe siècle, la notion de « programme » a servi de modèle structurel pour la répartition des films dans les séances cinématographiques. Cette communication éclaire les principes qui ont gouverné l’importation au cinéma de modes d’agencement caractéristiques des spectacles scéniques. Dans un premier temps, alors que la projection de films s’apparentait à une attraction de foire ou de music-hall, les pratiques en vigueur dans les théâtres de variétés ont inspiré les modes de présentation des vues cinématographiques. Ce rapport s’inversera par la suite. Par ailleurs, le modèle du programme a marqué en profondeur la manière dont on a conçu l’agencement des parties qui composent les films eux-mêmes, en vertu de critères non seulement narratifs, mais aussi liés à la distribution équilibrée des types d’émotions et des degrés d’intensité.

     

    Annie Fee : Une invitation strictement privée à la naissance d’un art : une étude de l’évolution artistique du cinéma à travers les programmes des salles.

     

    Cette intervention porte sur les cartons d’invitation pour les avant-premières privées des films sortis pendant les années 1920, qui revêtent la fonction de programmes. Avec ces invitations luxueuses, on commence à faire la distinction entre les grands films artistiques, les films d’avant-garde et la production courante. Ce phénomène est accompagné d’une division croissante entre les salles de quartier, les cinémas-palaces et les salles d’avant-garde. Un examen de ce type d’invitations illustrera, donc, le passage à l’exclusivité dans la culture cinématographique de la période muette.

     

    Dimitri Vezyroglou : Une œuvre, cinq films : les séances du Napoléon d’Abel Gance à Paris, d’avril 1927 à mars 1928.

     

    Le film Napoléon qu’Abel Gance finit de monter en mars 1927 a fait l’objet d’au moins cinq sorties à Paris, étalées sur une année entière, des présentations de gala à l’opéra Garnier en avril 1927 à la sortie en exploitation standard au Gaumont-Palace en mars 1928, en passant par la présentation corporative à l’Apollo en mai 1927, par l’exclusivité au Marivaux en novembre-décembre, et par la séance spéciale conçue par le réalisateur au Studio 28 en février 1928. À travers l’analyse des programmes de ces séances, il s’agira de comprendre le processus de décomposition de l’œuvre qui échoue à se matérialiser en film, mais se donne à voir comme un spectacle variable et toujours renouvelé.

     

    Carole Aurouet : La « revue-programme » du Studio 28 : une archive de salle et un manifeste surréaliste pyrogène.

     

    En 1930, le Studio 28 édite une « revue-programme », objet double unique. Douze pages illustrées présentent les « spectacles » depuis l’ouverture de la salle le 10 février 1928. Tête-bêche, trente-six pages proposent un dossier-manifeste sur L’Âge d’or de Buñuel, signé par Alexandre, Aragon, Breton, Char, Crevel, Dalí, Éluard, Péret, Sadoul, Thirion, Tzara, Unik et Valentin, et orné par Arp, Dalí, Ernst, Man Ray, Miró et Tanguy. L’étude de ce précieux et atypique programme permettra de cerner le contenu de ces séances et de les positionner dans l’évolution du 7e art, tout en éclairant la politique d’exploitation de Jean-Placide Mauclaire.

     

    Maurice Gianati : Les programmes du « Club de l’écran », un cercle d’amateurs de cinéma en Belgique durant les années 1930.

     

    Après la fin de la Première Guerre mondiale, le monde du cinématographe est agité par la contestation du style ancien et souhaite, à l’instar du cubisme pour la peinture, un bouleversement de l’esthétique ainsi que des idées politiques ou sociales véhiculées par ce média. En 1925-1928, le Studio des Ursulines et le Studio 28 débutent cette croisade malgré la violence des oppositions. Ce mouvement dépasse alors les frontières de la France : en 1930 la ville de Bruxelles voit s’installer un cercle d’amateurs du vrai cinéma : le « Club de l’écran ». L’année suivante, la ville de Liège découvre l’association des « Amis de l’Art Cinématographique » laquelle devient le « Club de l’écran » puis, « l’Écran » en 1933, année de sa disparition. À partir de documents imprimés d’époque : tracts, cartes d’adhérents, affiches, nous présenterons la courte vie de ce « Club de l’écran ».


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