• "Au bout de la colère" 05.03.2019

    Michel Erman (professeur U. de Bourgogne)

    Au bout de la colère

    La première séance du séminaire Atelier sur la colère, organisée dans le cadre du 2L2S (Laboratoire lorrain de sciences sociales) de l'Université de Lorraine, aura lieu le mardi 5 mars 2019, de 16h30 à 18h30, en salle J008 (Nancy campus LSH).
    Le conférencier sera Michel Erman, auteur d’un récent (2018), Au bout de la colère. Réflexion sur une émotion contemporaine, Paris, Plon.
    Michel Erman est professeur de littérature, spécialiste notamment de Marcel Proust. Il a aussi écrit sur d’autres aspects, dérivés ou proches, de la colère (La Cruauté : Essai sur la passion du mal, Puf, 2009 ; Éloge de la vengeance : Essai sur le juste et la justice, Puf, 2012 ; en collaboration : Le Cri des Africains : Regards sur la rhétorique abolitionniste, avec Olivier Pétré-Grenouilleau, éd. Manucius, 2009 ; etc.).

    Son thème d'intervention: Comment métaboliser la colère? Connexions aux autres émotions, genèse et transformations.
    La colère est une émotion et une passion composites faites de molécules d'autres émotions (peur, tristesse, angoisse, etc.) qu'elles cannibalisent pour produire une énergie pleine de l'orgueil de s'affronter au monde.  On se demandera en faisant, entre autres, référence à l'actualité politique comment elle peut se transformer.

    DESCRIPTION GÉNÉRALE DE L'ATELIER SUR LA COLÈRE

    Plus largement, pour la séance du 5 mars et celles à venir, le sous-titre du séminaire est: Colères et enragement: traductions esthétiques et modes de réflexivité collective.
    Voici une présentation du principe de sa mise en œuvre: L'Atelier sur la colère est fortement centré sur l'analyse pluridisciplinaire des traductions esthétiques, artistiques, fictionnelles, conspirationnistes, politiques, de refoulement/recherche d'un mouvement social, ou d'animation discursive des enragements, émergeant régulièrement dans les univers contraints contemporains. La "cage de fer" de la financiarisation des économies nationales européennes, un processus progressif mais constant de fragmentation et/ou de rupture des liens sociaux, avec  renfermements domotiques et numérisés, la tendancielle concentration des pouvoirs au niveau des organisations-entreprises et des États, avec une décentralisation parallèle en réseaux semi-autonomes des groupes, individus et équipes (les politiques de management des relations humaines étant fréquemment et paradoxalement participatives et programmée-informatisée), la juridicisation croissante des conduites et des opinions de rébellion ou de prise de parole, et l'émergence de formes et structures de surveillance généralisées des comportements humains constituent quelques composantes du cadre hyper-moderne de cette prolifération rageuse. L’objet d’étude et de débat proposé est bien évidemment de nature pluridisciplinaire (littéraire, esthétique, politiste, sociologique, psychosocial, anthropologique, psychiatrique, neurophysiologique, médical, managérial, géographique, historique, linguistique, pragmatique).

    Ce phénomène colérique multiforme et polyvalent est majoritairement urbain bien qu’il se soit aussi développé, sous différentes modalités, dans les espaces communautaires et ruraux, depuis des siècles (jacqueries, révoltes, banditismes populaires, millénarismes, messianismes, etc. : Voir Hobsbawm Eric J., Les Primitifs de la révolte dans l’Europe moderne, Fayard, 1966 : 1re éd. en langue anglaise : 1959 ; cf. aussi Sloterdijk Peter, 2007, Colère et temps. Essai politico-psychologique, Paris, Libella Maren Sell: 1re éd. en langue allemande: 2006).). De nos jours, les lieux d'expression des colères sont souvent virtualisés, tant sur les espaces numérisés et internet que dans les formes de mobilisation atomisées et déconnectées d’un discours unificateur ou d'une théorisation partagée d'un mouvement social, faisant sens pour un très grand nombre. On étudiera les territorialisations des colères (Piqueteros argentins des années 1990, Gilets jaunes français contemporains, coordinations professionnelles para-syndicales des années 1980, mobilisations de genre, protestations altermondialistes, etc.) autant que leurs modes de virtualisation et/ou de fragmentation.


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