• Séance 17 : Anthropologie de l'image anthropologique 01.06.2021

    Gerson Bettencourt

    doctorant en sociologie-anthropologie

    Université de Lorraine (2L2S-Metz)

     

     Anthropologie de l'image anthropologique 

     

    Sans terrain point d'ethnographie. L'étude anthropologique dépend de la relation que l'investigateur entretient avec un territoire, c'est là qu'il récolte ses données. Or en cette période de pandémie, chacun d'entre nous a dû faire l'expérience des mesures de confinement. L'état d'urgence sanitaire qui impose un hyper contrôle des déplacements et des mouvements impacte doublement le chercheur qui se retrouve entravé, non seulement en tant que citoyen, mais aussi en tant que professionnel. Cette situation vécue comme un enfermement réel, tient au fait, que la notion de circulation est considérée comme indissociable de celle de liberté.

    Le monde réel est mis à distance, vu, mais mal vécu. L'expérience sociale est altérée lorsqu' elle ne disparaît pas, tout simplement. Notre présent impose un certain fatalisme, mais malgré tout, les choses doivent continuer, la recherche aussi. Plutôt que de penser à ce qui ne peut être fait, pensons à ce qui peut l'être, même dans un cadre restreint, voire oppressif. C'est sans doute l'occasion de procéder à l'invention de territoires autres, hétérotopies pour reprendre Michel Foucault, propices à l'évasion.

    Le chercheur collecte, trie, ordonne, présente. Le chercheur est un collectionneur, peu importe la finalité de la collection, le geste est le même. La collecte, qui implique toujours une rencontre, est de loin ma partie préférée, les autres suivent plus ou moins à contre-cœur.

    La pratique d'une photographie documentaire implique une circulation pour collecter des images. Il s'ensuit l'accumulation d'une masse de données visuelles, ce matériau est un corpus visuel en devenir. Cette mise en cale sèche est le moment idéal pour inventorier et réviser mes stocks...d'images. Cette démarche s'ouvre à une autre temporalité, à une autre circulation. L'expérience du terrain, documentée visuellement, doit passer par un nouveau traitement, filtrage, distillation. L'enclenchement du processus de transformation de la graphie en logie, implique une immersion dans l'image.

    Cette présentation portera sur l'étude d'une seule de mes photographies, prise sur mon dernier terrain gabonais en 2015.

    L'application de la théorie de la cadre-analyse (frame-analysis) d'Erving Goffman, servira d'orientation méthodologique principale dans l'ouverture de cette image, ensuite la présentation questionnera l'expérience de la situation, avant de terminer sur une possible herméneutique. Un voyage autrement.

     

    Gerson Bettencourt prépare sa thèse de doctorat à l'Université de Lorraine, à Metz, sous la direction de Jean-Marc Leveratto : Photographier la société gabonaise en mutation. Une réflexion sur les enjeux d'un travail de terrain dans l'Afrique contemporaineGerson Bettencourt est photographe.

    photographie : Souvenir d'Ukoko (Gerson Bettencourt)

    Séance 17 : Anthropologie de l'image anthropologique


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